KALASH

Salut KALASH, bienvenue chez SKUUURT ! Quel plaisir de te recevoir ! Et quel plaisir de te parler depuis la Martinique ! Comment se passe le retour aux sources ?

KALASH : Comme d’hab’, génial, avec les enfants, la famille, ça va, c’est cool, ça fait du bien

Matinik pli bel, c’est ça ?

(rires)

T’es de quel endroit exactement en Martinique ?

Partout, j’ai vécu partout, au début ça a commencé à Dillon, après j’ai déménagé, je suis resté en ville, à la ZAC, au Diamant, Saint-Esprit, Ducos, Le François, j’ai beaucoup déménagé avec mes parents

Et Dillon, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un quartier de Fort-de-France

Dillon c’est un quartier de Fort-de-France, actuellement c’est la plus grande cité de Fort-de-France, c’est le plus grand quartier niveau taille

Mais t’as un peu bourlingué sur toute l’île finalement ?

Ouais j’ai grandi sur toute l’île

Aujourd’hui, t’as dépassé la dimension de martiniquais, puisque t’es un artiste international maintenant, mais tu restes profondément martiniquais. Je voulais savoir ce qui, au-delà du fait d’y avoir grandi, te lie à cette île ?

La musique fait qu’on m’entend dans plusieurs pays, dans d’autres endroits, mais mon ADN pur c’est à la Martinique, ça restera toujours la Martinique, c’est mon endroit préféré, c’est là que je veux tout le temps rentrer, il n’y a pas d’explication. C’est pour ça qu’il n’y a pas de retour aux sources, parce que je ne quitte jamais la source. Tout ce qui m’intéresse c’est d’être en Martinique en fait, même si j’aime beaucoup voyager et découvrir d’autres endroits. Pour moi le plus important c’est d’être en Martinique avec ma famille, mes enfants.

Est-ce qu’il y a des revers au succès, que tu vis là-bas ?

Il y a des situations, mais ce ne sont pas des revers. Parfois, des personnes veulent un petit bout de toi, veulent te dire des choses, veulent que tu rencontres leurs enfants ou qu’ils parlent avec toi, donc des fois ça demande un peu d’énergie, mais ce n’est pas quelque chose qui est handicapant ou autre, c’est beaucoup d’amour, beaucoup de respect. Je n’ai jamais été confronté, en tout cas en Martinique, à un manque de respect ou à quelque chose de vraiment négatif

Mais ça ne t’empêche pas de te promener librement en famille par exemple ?

Je me promène partout. Il y a des jours où t’es plus fatigué que d’autres, mais c’est toujours agréable quand t’as des personnes de toutes générations qui veulent te prendre dans leurs bras, t’embrasser, te dire quelques mots. Ce n’est jamais méchant. Des fois ce n’est peut-être pas le bon moment, genre t’es en train de manger ou t’es fatigué, mais c’est jamais méchant. Ça part toujours de bon cœur, et puis c’est soit de l’excitation ou de la joie ou de l’émotion, mais ce n’est jamais méchant

La vie que tu mènes depuis que t’as rencontré le succès t’oblige à t’éloigner de ton île, est-ce que ça t’éloigne aussi des combats qui y sont menés ? Est-ce que ton statut te met dans une sorte de bulle ? Récemment, il y a eu des mouvements sociaux autour de la vie chère par exemple

C’est plus le contraire. Parfois, du fait de ton statut, on essaie de te faire participer à tous les combats, même ceux que tu ne maîtrises pas. Il y a des sujets politiques, je ne suis pas un professionnel de la politique ou de l’économie, mais dès qu’il y a une injustice, peu importe l’injustice, peu importe sa grandeur, le nombre de personnes qu’elle touche, on essaie toujours de te faire part de tout. C’est drôle, mais t’es comme un genre de shérif, on te met au courant de tout ce qui se passe, de tout ce qui ne va pas. Ça peut partir de l’injustice qui concerne une personne dans une épicerie ou un business, à une injustice qui concerne 10 000 personnes par exemple. Non, au contraire, ça te rapproche encore plus des gens et des choses qui se passent sur l’île, tu deviens au courant de tout à un moment

On vient te chercher en tant que porte-voix peut-être ?

Porte-voix, et des fois comme je t’ai dit, shérif, des fois juge, ça dépend du truc. Mais porte-voix, comme ça a été le cas avec le combat qui existait déjà, mais qui a été très très popularisé par le RPPRAC, avec le problème de la vie chère, qui n’est toujours pas réglé d’ailleurs. Après, tu deviens même plus que ce que tu es et on te demande de faire plus que tu ne peux faire, c’est-à-dire de prendre la place des décideurs, de devenir président, des choses qui ne sont pas de ton fait et des choses que tu ne peux pas régler toi-même. Mais tu y participes si tu veux. Il y a des personnes qui pourraient fermer les yeux, il y en a qui ferment les yeux, et puis il y en a comme moi qui essaient de se mettre au niveau de tout le monde et de participer

Et de garder les yeux ouverts, ouais. Ton père est quelqu’un d’engagé, est-ce que tu lui dois de devoir t’engager aussi ? Est-ce que son regard compte pour toi et influence certains de tes choix ?

Non, je pense que c’est dans ma nature, peut-être que justement c’est dû à lui, ou je ne sais pas à qui, mais non, ça ne m’influence pas, je n’y pense pas, il ne m’en parle pas. C’est vrai que durant toute ma jeunesse, mon père a été un militant actif, un syndicaliste actif, mais non, je n’y pense pas. Tu viens de m’y faire penser en fait. C’est vraiment naturel, il n’y a rien qui ne m’oblige à rien. C’est juste qu’il y a des choses qui m’empêchent de dormir, des choses qui m’énervent et j’y vais, mais non, il n’y a pas d’obligation ni de compte à rendre

Mais parfois, il y a une forme d’inconscient qui traîne

Peut-être qu’il y a l’inconscient, mais en tout cas, consciemment, non, je n’ai pas ce truc de faire pour quelqu’un ou par obligation. C’est plus fort que moi, tout simplement

Et toi, t’orienter vers les chansons à texte, c’est pas forcément une obligation ? Ou peut-être même, je me disais, que le simple fait de chanter en créole, déjà, est une forme de revendication quelque part ?

Déjà, les chansons à texte, ça fait partie de notre culture, la culture reggae-dancehall. On l’a toujours fait, surtout au début, c’était comme ça, parce qu’on était en sound system, il fallait venir avec des textes conscients, engagés, même en parlant de choses que tu ne maîtrisais pas, que tu n’avais jamais vues, comme quand tu parles de politique, etc., je ne savais même pas ce qu’était la politique, mais je savais qu’il y avait des injustices. Donc, c’est culturel dans le reggae-dancehall. Et ensuite, quand tu grandis, tu commences à voir que les injustices te touchent, donc tu auras toujours des textes, pas pour te soulager, mais pour crier un peu ce que tu ressens, ton désarroi et le désarroi des gens. Ça fait toujours partie du truc, mais malheureusement, même si ça conscientise quelques personnes, on a compris qu’on peut chanter ce qu’on veut, on pourra chanter pour n’importe quel pays ou n’importe quelle cause, mais ce n’est pas vraiment ce qui change les choses. Ça nous permet juste d’exprimer quelque chose et de mettre en parole, mais ce n’est pas suffisant. On ne pourra pas changer le monde avec nos chansons

Tu parlais de la culture dancehall, et je me disais que malgré ce choix de conserver le créole dans certaines de tes chansons, t’as dû quelque part t’adapter aussi au format de l’hexagone, en laissant parfois le toaster de côté. Est-ce que tu penses qu’il existe un chemin, maintenant que t’en es là où t’en es, pour retourner aux sources de ce que tu faisais, peut-être, et permettre à certains de découvrir le vrai dancehall ? Un peu comme tu viens de le faire dans KADDRYO

Maintenant, on fait ce qu’on veut. À l’époque où j’ai signé en maison de disque, il y avait encore ce discours de quota, de langue, de français, de créole, de dancehall, de rap. Il y avait encore ce quota de choix musical, de direction artistique, de langue. Maintenant, c’est fini

Là, tu te sens plus libre

Par rapport à tout ce qu’on a fait, tout ce qui s’est passé, l’évolution des choses aussi, les réseaux sociaux, le fait que la musique caribéenne, dont le shatta, soit devenue virale, le fait que l’Afrobeat soit devenu vraiment quelque chose de mondial, ça a donné beaucoup plus de liberté aux artistes. Maintenant, il y a d’autres problèmes. C’est-à-dire qu’il faut travailler avec TikTok, etc. Ce ne sont pas vraiment des choses que moi, j’aime. Comme TikTok, je n’aime vraiment pas cette application. C’est pas mon truc, c’est pas ma génération, j’aime pas Twitter non plus. Mais maintenant, la nouvelle génération, ils savent faire avec, ils n’ont plus ce problème de langue ou de style. C’est-à-dire que tout se fait à la vibe et je trouve qu’il y a plus de liberté maintenant, en tout cas, plus de liberté artistique, mais peut-être moins de liberté au niveau des réseaux, où il faut se cantonner à essayer de trouver le truc viral, etc. Mais au niveau artistique, au niveau de la langue, du créole, je trouve que c’est beaucoup plus libre qu’avant. En 2016, même si c’est récent, mais en 2016-2017, tu ne pouvais pas être dans le top 5 en France avec un morceau en créole. C’était quasiment impossible. D’ailleurs, ça n’est pas arrivé. Tu pouvais avoir la meilleure chanson du monde, mais il fallait quand même avoir ce truc de français pour être poussé par les médias ou jouer

Est-ce que ce n’est pas toi finalement, ton succès, qui a permis d’accéder à ça ?

On me le dit beaucoup. C’est le meilleur compliment qu’on puisse me faire en tout cas, pour ce que j’aurais accompli pour la musique de chez moi

Ouais, parce que t’es porteur de cette culture, et t’en es un digne représentant

Je suis peut-être l’un des artistes qui l’a fait, mais en vérité c’est les gens. Quand on revient vraiment aux vraies choses, c’est les gens qui ont fait ça, c’est le public qui a choisi. Je suis peut-être un outil du truc, mais c’est le public qui s’est imposé et qui a été plus fort que les choix de radio ou de médias

En tout cas, dans ce parcours, où t’as touché un peu à tout, aujourd’hui tu t’es situé à la croisée de plusieurs courants qui se font face et se rejoignent, exactement comme le « Tombolo », qui est le titre de ton dernier album, sorti il y a 3 ans déjà. Est-ce que c’est une difficulté, de toucher à plusieurs genres, qui peut-être explique que tu sortes autant de singles depuis cet album, j’en ai compté 25 hors feats, je suppose qu’il y en a plus, sans proposer un nouvel album, ou alors c’est le format en lui-même qui ne correspond plus à ce que tu souhaites ?

Déjà, je pensais que j’avais été très fainéant depuis la sortie de l’album. C’est toi qui m’apprends le nombre de singles. Du fait des tournées, je n’ai pas pu faire ce que je voulais, au niveau des nouveaux morceaux, mais c’est vrai que faire des albums, ça devient un peu chiant. Tu vas t’enfermer, faire des sons, beaucoup de sons. Tu vas en faire 20 par exemple. Enfin, tu vas en sortir 20 parce qu’on en fait bien plus que 20. Et puis, si t’as de la chance, il y en aura 2 qui vont marcher beaucoup, beaucoup, et puis tout le reste passe à la trappe. Donc, c’est beaucoup de réflexion, d’énergie, de sacrifices, dans ce que tu vas donner. Donc, le format album me fatigue un peu. En tout cas, les prochains projets que je ferai seront beaucoup plus courts. Parce que j’ai toujours fait des albums avec 20, 21, 22 sons. Et là, j’aurais vraiment aimé faire quelque chose avec genre 13, 14 sons au maximum

C’est une implication qui est différente

Le format album me semble un peu, en tout cas actuellement, fatigué, et fatigant. À part les artistes que j’aime vraiment, vraiment beaucoup, comme les Jamaïcains, les Bounty Killer, Movado… Je ne veux pas écouter l’album, par exemple d’un Drake, je ne veux pas écouter 20 sons. C’est fatigant. Il y a trop de sons, trop de choses

C’est parce qu’on s’est trop habitué à passer du coq à l’âne en 2 secondes, peut-être ?

Je pense que, déjà, ça. Et puis, tu sais, j’ai tellement ce truc de nostalgie, d’aimer les anciens trucs. Je ne sais pas s’il y a actuellement des producteurs, des beatmakers, des artistes qui peuvent me donner un album de 15, 20 sons et qui ne m’ennuient pas en fait. Quand je réécoute les albums d’artistes que je viens de te citer, on dirait que chaque son a été fait dans un pays différent. Chaque son est différent, ça n’a pas de sens. Et c’est ça que j’aime. Quand chaque son est une émotion différente, un son différent, on dirait que c’est un studio différent. Mais quand c’est trop propre, trop lisse, trop logique, c’est fatigant. Moi, ça me fatigue

Tu parlais de Bounty Killer, par exemple, mais c’est des logiques sound system, même dans la conception des albums

Oui, le fil conducteur c’est le reggae-dancehall, c’est le sound system, mais il peut passer d’une prod très hardcore à quelque chose de très joyeux, après quelque chose de très lent, de très lover, après c’est un badman tune, après c’est un son conscient. Tu vois, ça va dans tous les sens, mais ça reste quand même du sound system et ça reste très, très bien fait

OK, pour changer de sujet et parce que c’est important, tu parles librement de santé mentale. Je voulais savoir quel impact ta santé mentale a eu sur ta carrière ?

Ma santé mentale m’a fait faire beaucoup de hits (rires), avoir beaucoup de thèmes, beaucoup d’expériences dans mon vécu, des beaux moments, et puis surtout beaucoup de situations au studio où tu te retrouves à ne rien écrire et puis à ne laisser que la vibe parler, donc ça a été que ça carrément toute ma vie, faire des sons sans écrire, sans jamais savoir ce que j’allais faire au studio, laisser le moment parler quoi

Mais est-ce que cette santé mentale a pu te freiner parfois ?

Oui ça m’a freiné sur beaucoup de choses, ça m’a freiné sur des opportunités que j’aurais pu avoir, physiquement, genre aller dans tel concert, faire tel pays, aller avec tel artiste, faire tel truc, mentalement, c’est fatigant, ça a été fatigant, ce sont des choses qui se sont réglées mais ça m’a freiné dans beaucoup de choses

Et sur ta vie personnelle aussi ? T’as eu l’impression d’être ralenti par ça ?

Sur ma vie personnelle, ça m’a juste construit. Peut-être que j’ai perdu un peu de temps à être dans une sorte de flou, une sorte de brouillard, mais je ne sais pas si j’ai perdu du temps, ça m’a juste construit, peut-être que ça m’a même donné un tremplin, mais c’est plus dans le côté professionnel où il y a des moments où j’étais vraiment K.O. et je préférais rester à la maison. Dans ma vie personnelle, ça m’a mis dans le flou un peu à des moments, mais après je pense que j’ai rattrapé le temps

Et aujourd’hui ça va mieux

Aujourd’hui, grâce à Dieu, ça va très très bien

Alors justement, tu dis « grâce à Dieu », et je voulais savoir quel était le poids de ta foi dans cette quête de guérison ? Est-ce que la foi t’a aidé ?

La foi fait que tu n’abandonnes pas et que tu ne cèdes pas à la facilité. C’est-à-dire que tu pourrais céder à la colère, à la fatigue, ou aller vers des choses un peu plus sombres ou plus faciles qui te permettraient, selon toi, de t’en sortir au lieu d’y arriver plus vite, mais la foi, c’est un équilibre. Ça m’a toujours permis de rester loyal envers moi-même et loyal envers ce que je pense être le bien. Toujours rester dans le bien, même quand des fois tu te dis pourquoi moi, pourquoi c’est ça, pourquoi, c’est injuste, etc. Tu fais confiance et tu attends. Pour moi, c’est ça la foi, c’est faire confiance et attendre le bon moment

Pour revenir à la musique, cette année t’as fait Bercy, La Cigale, L’Olympia, la tournée des festivals entre autres. Et le 7 novembre, tu feras une date à Londres, à l’Islington Assembly Hall. Et enfin, le 12 juin 2026, tu fêteras ton anniversaire à Paris la Défense Arena. Quelle est l’importance de la scène pour toi ?

Peu importe ce que tu fais au niveau du son que tu sortiras, singles ou album, la scène rapproche toujours et remet toujours les pendules à l’heure. C’est-à-dire, que ça marche ou que ça ne marche pas, la scène remet tout le monde d’accord. Soit t’es nul, soit t’es moyen, soit t’es très bon, soit tu marques les gens. Et j’ai la chance d’avoir la faculté de marquer les gens sur scène. La scène me rapproche toujours des gens et même me redonne confiance dans des moments. Tu pourrais te dire, bon, c’est aussi peut-être que j’ai moins d’inspiration, ou je ne sais pas, qu’est-ce que les gens veulent comme son, mais la scène est toujours vraiment en connexion directe avec les gens. Je ne sais pas comment expliquer, c’est le moment où je me reconnecte toujours avec les gens de façon très directe. Que ce soit des Cigale, des Olympia, des Bercy, des festivals, il y a toujours ce moment-là où je me reconnecte vraiment avec tous les gens qui écoutent ma musique, ou même les gens qui sont venus découvrir. Tu les rallies à ta cause

T’es considéré comme une bête de scène, Je pense que tu le sais. Est-ce que t’estimes que c’est inné ou alors ça se travaille ? Je sais que t’as pas mal observé des gens comme Bounty Killer par exemple

Ça se travaille. J’ai toujours aimé ça, mais je n’étais pas aussi à l’aise et confiant que je le suis maintenant. Et ça s’est travaillé de façon passionnée. C’est-à-dire en regardant beaucoup de Bounty Killer, de Sizzla, de Saël, de Admiral T. Ça s’est construit au fur et à mesure. Ça s’est solidifié. Et la confiance est venue après. Confiance en ta voix, confiance en ton cardio, confiant sur comment te placer. C’est une science en fait. En toute humilité, je peux dire que je suis vraiment à l’aise sur scène. Quand le public en plus te suit, ça te galvanise

J’en profite parce que tu l’as cité, pour faire un gros big up à Admiral T. Et puis on a hâte de te retrouver sur scène en tout cas. Et on se régale avec les singles. Même si on attend quand même l’album. On reste curieux de voir ça arriver

J’étais en studio là, j’ai enregistré un truc. Je ne vais pas te dire avec qui, mais quand ça va sortir, ça va chier !

On n’a pas pu faire l’interview hier à cause de ça, je savais que t’étais en studio

J’étais en studio pour quelque chose de très très très important !!

Là, tu m’allèches. Ça donne envie

Très très très très très important !

Merci Kalash, on se voit bientôt

Merci Scolti


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8 commentaires sur “KALASH

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