EDAYA : L’INTERVIEW

Dan : Aujourd’hui nous avons le plaisir de recevoir Edaya, une artiste qui nous vient tout droit de Belgique. Depuis son premier single High sorti en 2023, la jeune chanteuse Neo soul s’affirme comme une voix émergente de la scène belge. Il y a eu ensuite un premier EP, CRAYON, sorti en 2024, et enfin le single Noumi qu’elle a défendu tout l’été à travers les festivals ! Edaya, bienvenue chez SKUUURT !

Edaya : Avec plaisir ! 

Ton premier single High est sorti en 2023. À l’été 2025, 2 ans plus tard, tu te retrouves sur la scène des Ardentes à l’occasion de La Draft. Comment est-ce que tu vois cette évolution ? 

E : Comme quelque chose d’assez inattendu, même très inattendu ! Mais en même temps, c’était un peu un rêve, c’était des attentes omniprésentes. C’était des attentes qui étaient au fond de moi mais auxquelles je n’osais pas vraiment croire, mais au fur et à mesure j’ai mis les choses en place pour. Ça s’est fait assez naturellement et je suis juste super contente et très reconnaissante ! 

Inattendu dans le sens où tu ne t’attendais pas à ce que ça aille aussi vite ? 

E : Oui, je n’aurais pas rêver d’y être aussi vite, je pensais que ça serait dans peut-être deux ou trois ans, mais pas maintenant. 

Pour valider cette évolution, tu as enchaîner les scènes cet été, notamment au Red Festival ou encore à l’Afrodisiac, est-ce que la scène est un exercice avec lequel tu es à l’aise ? 

E : De plus en plus ! Au début c’était un gros stress pour moi, mais ce qui est bien c’est qu’on a mis en place un système, on a commencé directement avec de l’acoustique, guitare voix. Puis après on a commencé à aller dans du full band, avec batterie, piano, basse… Donc j’ai commencé à vraiment m’habituer à de plus en plus jouer avec différentes formules, jouer avec moi. Et puis après on est arrivé avec du DJ et là j’ai pu un peu plus me lâcher, danser… Du coup, maintenant je suis à l’aise partout parce que j’ai pu tout tester. 

Aussi bien à l’aise sur scène qu’en studio ? 

E : En studio j’ai toujours été assez à l’aise, franchement je n’ai jamais eu de stress avec ça et ça a toujours été une de mes parties préférées. 

C’est quand la première fois que tu es rentrée en studio ? 

E : C’était en 2022 il me semble, avril ou mars 2022… mars 2022 !

Et directement la révélation ? 

E : Oui ! Dès que je suis sortie, ma maman m’attendait avec sa voiture en bas, je suis descendue et je lui ai dit « Maman, je veux trop y retourner ! », je savais en vrai ! 

D’ailleurs, très jeune ta maman t’a fait écouter pas mal d’artistes Soul et RnB, que pense-t-elle aujourd’hui de l’artiste que tu es devenue ? 

E : J’ai de la chance, elle est assez fière de moi et elle me pousse beaucoup vers le haut. Comme une bonne partie de ma famille d’ailleurs, c’est plutôt cool, ils sont à fond avec moi ! Et puis comme elle m’a fait grandir avec certains artistes, elle voit aujourd’hui les inspirations que j’ai, donc elle sait très bien pourquoi je fais certaines choses, d’où proviennent certaines parties de ma D.A, donc elle est hyper en accord avec ça. 

Parce que quand tu annonces à tes parents que tu veux devenir artistes, ça peut être un peu compliqué ? 

E : Je pense qu’il y a eu un peu de peur à la base, ça paraît assez logique. Mais ils m’ont assez vite fait confiance et de toute façon, ça s’est vite ressenti que je n’allais pas faire autre chose donc il n’y avait pas trop le choix ! 

On va parler de ton premier EP. Il s’intitule CRAYON, une référence au crayon avec lequel on se maquille, mais ça peut aussi être le crayon avec lequel tu écris et avec lequel tu te dévoiles, pour toi c’est lequel des deux ? 

E : C’est les deux. C’est le crayon sur les lèvres, comme j’ai là, comme j’ai toujours, c’est un peu ma marque de fabrique. En même temps ça peut être un masque parce que, comme beaucoup de personnes aujourd’hui, le maquillage ça permet de s’exprimer et de devenir quelqu’un d’autre quand on veut s’exposer. Et en même temps il y a le crayon avec lequel j’écris, et comme il est aussi sur mes lèvres, avec lequel je peux chanter. 

Au final, c’est un crayon avec lequel, à la place de te cacher et de te maquiller, tu te dévoiles avec ça ? 

E : Oui, c’est vraiment ça. 

Dans tes morceaux, sous couvert de ballades romantiques, tu commences à aborder des sujets plus sombres et complexes comme l’acceptation de soi ou les conséquences du regard des autres. Est-ce que tu penches plus vers ce genre de thèmes à l’avenir ? 

E : Oui, j’ai toujours été dans une optique d’aider les personnes à se sentir elles-mêmes, à se sentir en sécurité quand elles écoutent ma musique, que ce soit à travers mes mélodies, ma voix, et aussi mes textes. J’arrive de plus en plus à aller vers des textes engagés sur des sujets qui me concernent. On peut l’entendre dans Noumi, j’essaie vraiment de faire passer un message, et je pense que petit à petit j’arrive à aider certaines personnes à se sentir accepter par rapport à ça, donc c’est cool !

Pour les humains qui aiment les humains comme tu dis ? 

E : Exactement !

Noumi c’est un morceau dans lequel tu du fait qu’on t’impose des choix et que toi tu n’as pas envie de choisir, est-ce ce que ça se retrouve dans la musique que tu fais, la Neo soul, qui peut être un mélange de RnB, de Jazz, d’Afro, de Soul ? 

E : Oui parce que je pense qu’on peut attendre certaines choses de moi, que je dises des choses assez légères avec des textes assez légers. C’est pas forcément ce dont j’ai envie, mais je n’ai pas non plus envie de rester dans une case où je suis obligée d’écrire comme si j’étais Mozart ou… T’as compris où je voulais en venir ! J’aime être libre dans mon écriture, pouvoir aller vers des choses plus légères et des choses plus complexes, me dévoiler ou non selon la vibe dans laquelle je suis, et c’est ce que j’ai toujours fait. Donc je n’irais pas vers les attentes qu’on m’impose !

Quand est-ce que tu as su que tu voulais devenir une chanteuse ? 

E : Je pense que je l’ai toujours, mais il y a savoir et savoir. Je savais mais je me mettais dans une forme de déni parce que je ne voulais pas accepter qu’il y allait avoir des difficultés. Ce n’est pas quelque chose de facile, c’est un risque à prendre. C’est s’accepter, accepter le regard des autres, accepter qu’on va devoir imposer nos choix à certaines personnes qui peuvent ne pas être d’accord avec nous. Donc pendant longtemps, je ne voulais pas le voir mais je l’ai toujours su, quand j’étais petite je mettais mes barbies et mes doudous alignés dans ma chambre et je faisais des concerts !

C’était une évidence ! Tu fais de la Neo soul, c’est un genre qui revient de plus en plus sur le devant de la scène, comment tu te vois l’incarner dans les années à venir ? 

E : C’est une bonne question. Déjà, le fait que je chante en français peut jouer sur une évolution de ce genre-là, on chante beaucoup en anglais dans la néo-soul. Jhené Aiko c’est en anglais, Kali Uchis c’est en anglais, je peux même citer Lauryn Hill, toutes ces personnes-là chantent en anglais. Mais aujourd’hui en français on en a, mais en Belgique il n’y en a pas pas beaucoup. Donc j’aimerais bien ramener cette douceur de la néo-soul dans nos pays francophones, ça serait vraiment pas mal, c’est déjà un de mes buts premiers. Et puis pouvoir imposer cette nouvelle ère, moderne on va dire, de la néo-soul, la renforcer. 

Quand tu dis qu’en francophonie on chante beaucoup en anglais, que ce soit dans la Neo soul, la Soul ou le RnB, est-ce que tu penses que c’est parce que les gens ont peur de dire les mots en français ? 

E : Ça peut ! Personnellement je suis passée par là, j’écrivais en anglais… mais je ne suis pas anglophone ! Donc c’était un peu bof au niveau de l’accent… Je pense que c’est le cas de beaucoup de gens. Il y a une pudeur, à dire le mots en français, et quand on le dit dans une autre langue c’est plus lisse, plus facile de se cacher, donc je pense que ça joue, et pas forcément que dans ce genre-là. 

Et comment tu es passée au-dessus de cette pudeur ? 

E : Beaucoup de discussions, avec mon équipe et mes proches, et on s’est rendu compte que ça me correspondrait mieux, moi-même je m’en suis rendue compte. Aujourd’hui ça me correspond mille fois mieux ! Maintenant que j’ai réussi à me dévoiler et à accepter d’avoir un peu de, pas de faiblesse… Je n’ai pas le terme mais vous avez compris. 

À 15 ans tu prends tes premiers cours de chant, 6 ans plus tard tu te retrouves sur la scène des Ardentes, dans 6 ans tu es où ? 

E : On peut espérer un Zénith, ça serait vraiment cool ! Au-delà de ça, c’est plutôt mentalement. Je me vois dans une phase où je ne suis plus du tout là où je suis aujourd’hui. C’est à dire que toute la retenue, tous les doutes ne seront plus là, même si évidemment je pense qu’il y en a toujours, pour tout le monde même les plus grands. Mais réussir à vraiment me détacher de certaines peurs, et pouvoir être en accord avec moi-même. Ça c’est un objectif que j’aimerais atteindre bien avant 6 ans ! 

Et bien on te le souhaite ! Merci beaucoup Edaya d’être passée chez SKUUURT !

E : Et merci à vous de m’avoir invitée !

Propos recueillis par Dan Ayassou


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