Diggin’ in the crates : l’art perdu du digging

Avant Shazam, Discogs, Spotify ou Soundcloud, il y avait un seul moyen de trouver des pépites : fouiller les bacs de vinyles. Le digging, c’était l’art de passer des heures chez les disquaires à dénicher le son rare qui allait faire la différence.

Dans les années 80-90, posséder une exclu, c’était un privilège. Tu faisais partie d’une poignée de DJ capables de la jouer en club. Le rituel était précis : scanner les pochettes, lire les crédits, deviner si un beatmaker connu se cachait derrière. Et puis il y avait les vendeurs, véritables encyclopédies vivantes, qui connaissaient tes goûts par cœur : « Tiens, ça vient du Bronx, ça va te plaire ». Certains allaient jusqu’à préparer des sacs à ton nom pour être sûr que tu repartes avec les bonnes galettes avant qu’elles disparaissent.

Chaque semaine, les arrivages faisaient du magasin un rendez-vous immanquable. Le moment magique ? Quand le vendeur ouvrait un vinyle en frottant la pochette contre son jean et le faisait tourner à fond dans la boutique. Les basses résonnaient, les têtes hochaient : tu savais tout de suite si tu devais l’acheter (et tu te tatais pour l’acheter en double pour faire des passe-passe).

Le digging, c’était aussi une compétition silencieuse. Certains DJs rayaient volontairement un import dans les bacs pour rester les seuls à posséder un exemplaire clean. C’était une guerre d’ego, mais aussi une façon de forger son identité musicale.

Aujourd’hui, tout est disponible en ligne en un clic. Mais rien ne remplacera l’odeur du vinyle neuf, la poussière des bacs et cette excitation de repartir avec une pépite que personne d’autre n’avait. Le digging, plus qu’un simple shopping, était une quête, un art, une école de patience en plus d’être un lieu de vie où des amitiés se sont faites.

PS : Pour les plus jeunes, imaginez un week-end entier passé à enchaîner Urban Music, Street Sound, Gibert Joseph, la Fnac Montparnasse, Tikaret, T-Maxx, LTD et finir aux puces de Clignancourt, à fouiller les bacs. Tout ça pour claquer un budget monstre : 55 francs le maxi. Autant dire que chaque achat comptait. Mais quand tu rentrais avec la pépite introuvable que personne d’autre n’avait ? C’était comme décrocher un trophée.

Dirty Swift


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