Être DJ en 2025, c’est pas juste faire tourner des tracks sur un contrôleur. C’est un rôle qui a muté, un savoir qui a traversé les époques, en s’adaptant sans jamais renier sa base. Pour bien comprendre, remontons dans le temps.

Dans les années 90, on ne se disait pas DJ parce qu’on avait Serato ou un contrôleur en USB. Il fallait caler deux disques à l’oreille, sans BPM affiché. Le respect, il se gagnait enchaînement après enchaînement. Savoir scratcher, savoir enchaîner un set cohérent, tenir une vibe du début à la fin — c’était ça la base. Et ça ne s’apprenait pas en une semaine avec des tutos, mais plutôt en années de travail.

Et puis, il y avait la chasse aux disques. Chaque DJ avait sa collection, construite avec passion et galère. On traînait chez Urban Music, LTD, Tikaret, les Puces de Clignancourt, à la recherche de la pépite introuvable. Chaque vinyle coûtait cher, et chaque achat était réfléchi. Pas de SoundCloud ni de playlists partagées : le DJ était une bibliothèque vivante, un défricheur, un curateur culturel. C’était lui qui amenait les nouveautés, les imports US, les test pressing… Dans une époque sans Shazam ni streaming, la sélection faisait la différence.

Comme le raconte le livre Culture DJ (Larousse, 2023), cette époque a forgé une génération de DJ passionnés, où le geste, le toucher, le regard, l’écoute faisaient tout. Le DJ n’était pas juste un ambianceur. Il incarnait une posture, un engagement musical et culturel.
Aujourd’hui, tout a changé. Le matériel s’est démocratisé, le bouton Sync a simplifié le beatmatching. En quelques jours, tu peux apprendre à mixer sur YouTube. Les sons sont accessibles à tous via internet. Et avec Instagram, TikTok, les DJ sont devenus aussi des créateurs de contenu, avec plus de caméras que de cellules. Le DJ moderne, c’est aussi un performer visuel, un storyteller digital.
Mais malgré la technologie, le cœur reste le même. Le vrai DJ continue de chercher LE morceau qui va retourner la salle. Il lit le public, il sent les énergies, il raconte une histoire en musique. Que ce soit avec deux vinyles ou une clé USB, le rôle est intact : créer du lien, surprendre, faire vibrer, partager.
Dirty Swift
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