On a tous déjà vu un groupe de potes qui grinde les bancs d’un square rollers aux pieds. Et pour la majorité des français en âge de suivre l’actu en 2010, on se souvient d’un gars qui, depuis le premier étage de la Tour Eiffel, s’élance dans le vide pour rejoindre une rampe située une dizaine de mètres plus bas, le tout devant des milliers de spectateurs et des millions de téléspectateurs. Ouais, on va parler du jour où Taïg Khris a mis en lumière un sport peu implanté sur le sol français : le roller agressif.

Discipline acrobatique qui se pratique aussi bien en club qu’entres amis, la Fédération Française de Roller et Skateboard dénombre aujourd’hui 6321 licenciés, loin derrière des sports plus connus comme le football ou le basket, mais en progression depuis la création de sa commission freestyle en 1994. Et puis on ne va pas se le cacher, cette discipline se pratique d’abord majoritairement dans la rue, en groupe, de manière autodidacte.
C’est d’ailleurs dans ces conditions que le jeune Taïg Khris, 5 ans, réussit ses premiers tricks sur les dalles du Trocadéro. D’abord dans l’ombre de son frère, il découvre la rampe à 15 ans et là…c’est le coup de foudre. Son frère en dehors du tableau, il excelle malgré un léger manque de confiance. À force de travail et d’expériences, le jeune greco-algérien fait son petit bonhomme de chemin et finit quand même triple champion du monde de roller sur rampe, multiple vainqueur des X Games (compétition référence dans le domaine), et athlète le plus titré de l’histoire des sports extrêmes. Ça c’est un palmarès. À son apogée, en 2001, il rafle même tous les titres majeurs possibles, dominant sans partage. Mais avec le poids des années même les plus grands champions doivent passer le flambeau (sauf si tu t’appelles LeBron James), et Taïg ne fait pas exception à la règle. Entre création d’entreprises et passages plus ou moins réussis à la télévision, il trouvera quand même la place pour un nouveau coup d’éclat : battre le record du monde de saut dans le vide, là où tout a commencé, à Paris.

À la base il voulait sauter la Seine pour atterrir devant Notre-Dame, mais faute d’autorisation, pourquoi pas tenter la Tour Eiffel ? Banco, deux mois plus tard, le 29 mai 2010, Taïg Khris s’apprête à faire le grand saut, le « Mega Jump ». Sponsorisé par M6 mobile (oui ça date), retransmis en live sur W9, il lance quelques mots au public amassés 40 mètres plus bas, avant de se lancer dans le vide. Après une première tentative, rien de cassé mais il n’est pas satisfait de son atterrissage. Il a un doute et selon lui-même il déteste laisser une place au doute. Alors c’est reparti, et cette fois c’est la bonne. Un saut pour l’histoire, 12,5m de chute libre, un nouveau record du monde validé et surtout vu en direct par des millions de personnes. Mettre la lumière sur son sport, devant tout un pays, depuis l’un des lieux les plus mythiques de la ville la plus visitée du monde (à l’époque), il l’a fait.
Dan, Juillet 2024
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