GRANDMASTER FLASH

Il doit son blaze à sa rapidité d’exécution (Flash) mais aussi à sa dextérité (GrandMaster). Mixez vitesse et habilité à manier les platines, même les mains derrière le dos, et vous obtenez l’une des trois pièces maîtresses de la « Sainte trinité du Hip-Hop ».  Elle est composée de DJ Kool Herc, Afrika Bambaataa et enfin de ce savant fou qui était en train de bricoler dans le quartier de South Bronx … 

Bien avant de s’appeler Grandmaster Flash, Joseph Saddler, enfant, a une véritable fascination pour tout ce qui est électrique : du sèche-cheveux au fer à friser. Idem pour tout ce qui tourne : le sèche-linge, ou roues de vélo qu’il regardait tourner durant de longues minutes. Alors comment ne pas finir DJ en vrai ?! Un jour son père rentre du travail, prend des disques et les place à l’intérieur d’une machine : un son en sort. Intriguant. Il comprend comment le son marche et part taper dans les jardins des amplificateurs et autres matos. Rien qu’ça chope des hauts parleurs dans des autos abandonnées. Ça paye pas de mine mais ça fait le taff. Il trouve des idées de méthodes pour mixer ses disques sans à-coups. Commence alors le processus de recherche …

Il observe les DJ : ils mixent le début et la fin lentement. D’autres génèrent un « désordre à l’unisson ». Ils exposent et prolongent le solo de batterie. Pas ouf pour toujours mettre l’aiguille au bon endroit ! Ou il y a un mélange entre deux disques, un foutu bordel pas clean. Le chimiste du son savait qu’il devait y avoir un meilleur moyen. Il place les doigts sur le vinyle, puis le lâche et répète le geste. Il prend alors le contrôle total du disque ! Même s’il est tabou de toucher le milieu du vinyle, il décide que c’est le seul moyen. Pour trouver le break plus rapidement, avec un crayon gras, il fait un cercle sur le disque. L’autre marque sera l’intro du break. Il compte combien de fois elle passe par le bras, rembobine en fonction, sans jamais toucher le bras. Ainsi on sait où l’on est, plus besoin de deviner. La platine ne demeure pas uniquement une technologie faite pour passer un disque. 

Flash était celui qui voulait qu’on examine la table de mixage et les platines. C’est le premier à couper le rythme comme s’il faisait un montage. Il a lié technique et technologie. Sa science a été reprise à plusieurs niveaux. Les techniques telles que le cutting, le crab, le scratch, n’auraient pas pu exister sans ce qu’il a inventé. Fab 5 Freddy disait que Flash avait l’air cool dans sa manière de bouger, de manipuler les boutons. Le regarder était éblouissant, hypnotique, passionnant. 

À la fin des années 70, il forme le groupe Grandmaster Flash and the Furious Five, qui fera naître, entre autres, le titre mythique The Message : pour la 1ère fois, un texte entier est dédié aux réalités crasses du ghetto. Une nouvelle voie s’est ouverte. 

Claude-Alix


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