NAZA , je suis là pour divertir, interview SKUUURT

SCOLTI : Salut NAZA, bienvenue chez SKUUURT, c’est un honneur de te recevoir aujourd’hui ! Alors, ça fait quoi de s’entendre dire « c’est un honneur » ?

NAZA : Ah ça fait toujours plaisir, c’est qu’on est quelqu’un on va dire ! Ça veut dire qu’y a des belles choses !

S : Ça veut dire qu’y a du chemin qui a été fait ?

N : C’est ça, ça veut dire qu’on a écrit, qu’on a fait notre parcours

S : Est-ce que tu vois ça comme une revanche sur la vie ?

N : Oui et non, parce qu’en vrai j’ai arrêté l’école très tôt, y en a qui pensaient que j’allais rien faire du tout, et moi aussi d’ailleurs, au début

S : T’as arrêté l’école à 16 ans

N : Ouais c’est ça, et ça fait plaisir d’avoir réussi en vrai, pour la famille, pour tout le monde.

S : T’avais quel projet en tête quand t’as arrêté l’école, si jeune ?

N : La vérité ? (rires)

S : Ouais

N : J’avais rien en tête, j’avais aucun projet. C’est ça le problème. L’école c’était pas pour moi, mais je savais pas encore ce que j’allais faire. Par contre, j’ai toujours dit que j’allais jamais travailler, après c’est du travail la musique, mais tu vois j’ai toujours dit à mes potes  « les gars je vais jamais travailler », ils me disaient « mais t’es un fou, comment ça tu vas jamais travailler ? »

S : Tu te voyais pas avoir des horaires, te lever le matin

N : Non non non, ça non surtout pas !

S : Mais il fallait bien gagner de l’argent ?

N : C’est ça, mais je te dis la vérité, je sais pas comment j’aurais fait, mais j’aurais trouvé une solution, parce que je suis un bon débrouillard !

S : Et t’avais quelle vision de la vie à ce moment là ?

N : À 16 ans tu veux qu’être dehors, je voyais pas la vie encore, je voulais que m’amuser, rigoler, tu vois

S : C’était uniquement l’instant

N : En fait tu vois la vie que j’ai là, c’est ce que j’ai rêvé. Pas travailler, rigoler.(rires)

S : Mais tu travailles en vérité (rires)

N : Ouais, mais tu vois ce que je veux dire ! On est en mode « On est bien, on est bien », y a personne qui va me dire quelque chose, si je veux je sors pas de sons pendant 100 ans !

« Là j’espère faire un paquet de fric, je vais pas te mentir »

S : Et du coup ça a changé ta vision de la vie aujourd’hui ? Comment tu vois les choses ?

N : Quand tu vieillis, tu vois qu’il y a des choses à faire, faut payer le loyer, faut…

S : Quand tu vieillis ! C’est-à-dire, t’as quoi, 60 ans ?

N : J’ai 30 ans quand même maintenant. J’ai commencé à 22 ans, 21 ans, ça fait un bon bout de temps qu’on est là. Non mais en vrai tu connais, le loyer, tu vois qu’il faut être là pour la mif, t’as des priorités, t’as beaucoup de choses qui viennent, alors qu’avant tu calculais rien, t’es dehors, tu te dis que tu vas juste acheter ton petit kebab et c’est bon !

S : (RIRES) 

N : Bah oui ! Je sors les 5 boulards pour acheter mon grec et après la journée commence !

S : Et comment tu t’imagines plus tard ? Quand t’auras 60 ans justement

N : Là j’espère faire un paquet de fric, je vais pas te mentir.

S : Ouais, ta priorité

N : Un paquet de fric, et si on fait un petit joli bébé encore, bah c’est bon et après quand j’arrête je veux que la play. J’ai des enfants et je joue à la play ! Je joue à la play, et je fais rien, vas-y au pire je sors un vrai son, à 60 ans je suis capable de sortir un son encore

S : Donc tu t’imagines encore dans la musique plus ou moins ?

N : Non, vraiment pas dans la musique mais sortir des sons comme ça pour rigoler, je pense que les gens ne me suivront plus à 60 ans, même si je suis encore marrant. Non je sortirai un petit son, ça je me connais, tu sens l’ambiance ?

S : Ouais (rires)

N : La vieillesse, pour les bons vieux qui m’ont suivi toutes ces années. (rires)

S : Qu’est-ce que le succès a modifié pour toi ?

N : Pour moi ça n’a rien changé, je te jure.

S : Même dans l’estime de toi-même ?

N : Non non non, ça n’a rien changé. Non mais c’est vrai qu’il y a des gens, comment dire ça…je peux pas dire qu’ils me sucent la bite, mais c’est des cons. Moi j’aime pas les trucs comme ça. Pour moi ça change rien, on est tous des humains. Succès, pas succès, c’est pareil.

S : Ça t’a pas apporté une forme de confiance en toi supplémentaire ?

N : Non, moi j’ai toujours été..tu connais je suis un gros clasheur, c’est-à-dire je me cache même quand je suis pas en confiance, je me cache derrière mes vannes, t’as compris ? (rires) Je te jure, vraiment toujours pareil, ça m’a… Après on est content de la force que les gens donnent, tu vois.

S : Et l’argent ça change quoi ?

N : Ah l’argent ça a tout changé, boss. Ça a tout changé, tu connais, on est une grande famille nous. Faut que tout le monde soit un peu bien, les potos, tout le monde. Personne travaille, tu vois même mes amis ne travaillent pas. Ils travaillent avec moi, en vrai on travaille tu vois, mais… Personne travaille, il y a du monde qui travaille pas. Moi-même je voulais pas travailler, je travaille pas

S : Mais en fait c’est Pôle Emploi que j’ai appelé là

N : (RIRES) Ouais j’suis Pôle Emploi de ouf. Nan mais voilà, tu veux un bon resto, t’as l’argent, tu payes !! Tu veux une paire, tu payes !!!

« Tu deviens le banquier ! »

S : C’est pas un sujet tabou pour toi ?

N : Naaaaan !

S : Parce que souvent les artistes le montrent, dans leurs clips ou sur les réseaux. Mais en France, ils n’en parlent pas. Est-ce que pour toi c’est un sujet tabou ?

N : Après moi, je suis un congolais, comme on dit. Quand j’ai de l’argent, tu vas savoir que j’ai de l’argent. Mais je vais pas le montrer. Nous on est des vantards en fait, on aime se vanter ! (rires) Nan je rigole, en vrai j’aime pas montrer. Ou alors vraiment pour les amis, tu vois, mais pas pour montrer, c’est pour me faire plaisir avec des amis. Après chacun pense ce qu’il veut, « ouais il montre » etc, moi j’aime bien acheter des habits Gucci, mais sinon rien de plus. C’est ça mon kif, seulement acheter de la sape.

S : Est-ce qu’y a un revers de médaille à tout ça, au succès, à l’argent ? Est-ce qu’il y a des choses qu’on perd aussi ?

N : Ouais, la chose qu’on perd c’est que, vraiment, tout le monde t’appelle pour de l’argent.

S : Ah ouais, d’un seul coup tu deviens le banquier

N : Tu deviens le banquier, même dans ta famille. On ne me demande plus si ça va. Genre je n’ai plus d’appel de « ça va ou quoi mon reuf ? ». Impossible. Genre celui-là je l’ai pas entendu depuis longtemps, laisse tomber frère.

S : Et ça va ?

N : Ouais ça va un peu en vrai. On va pas mentir. Ça va un peu. On est bien.

S : Est-ce qu’avec le succès, le risque c’est pas de s’éloigner un peu du côté passion, et donc d’une forme de spontanéité aussi ?

N : Déjà, pour ceux qui me connaissent, j’arrive pas dans la musique avec la passion. C’est ça le problème. Je savais même pas que j’allais faire ça, je chantais pas. J’arrive d’un coup, et je me dis direct que je veux faire du cash, dès le premier son. Et puis ça marche pas forcément. Et la passion est venue après. C’est maintenant que je kiffe, alors qu’à la base c’était pas ma passion du tout.

S : Tu prenais comme ça venait, quoi. D’ailleurs tes débuts, on le sait, c’est notamment avec KeBlack, que t’as backé un temps, c’est lui qui t’a fait monter les premières marches ?

N : Exactement. T’as tout dit. C’est vraiment lui, quand j’étais pas connu il me mettait sur ses flyers, t’as capté ? Lui il allait déjà en show, il mettait ma gueule, ma putain de poire sur les flyers alors que personne me connaissait, il me posait ça à la boîte.

S : Tu sais que cette interview est faite pour le papier, pas pour les réseaux, et le papier ça se perd pas dans un feed et ça se noie pas dans un moteur de recherche. Qu’est-ce que tu aimerais lui dire qui restera écrit pour toujours, à KeBlack ?

N : Je t’aime mon frère, on est ensemble. Y a pas besoin d’aller plus loin, tu connais c’est le sang

S : Tout simplement

N : Tout simplement fréro (rires)

« J’ai vraiment pris les choses comme elles venaient »

S : Et du coup, au début, t’avais imaginé un jour pouvoir envisager une carrière ou alors vraiment t’as pris les choses comme elles venaient ?

N : J’ai vraiment pris les choses comme elles venaient. Je suis arrivé, j’étais le backeur, j’avais signé mon contrat d’artiste en étant backeur mais ça ne marchait pas, c’est-à-dire qu’on backait Keblack et on allait prendre une petite pièce, il fallait bouffer un peu, fallait trouver un petit métier et j’étais backeur. Au début je faisais des sons trap, et dès que je suis allé faire danser les gens et amener de la joie, c’est là que ça a marché

S : Ouais, parce que d’abord quand tu t’es lancé, c’était en mode rap, et trap même plus précisément. D’où vient la bascule qui t’a amenée à faire ce que tu fais aujourd’hui, à savoir de l’Afro-Pop plutôt ?

N : Pour te dire la vérité, avant que je chante et que je signe, on mettait des instrus dansantes dans les parkings, et on se charriait dessus, et j’étais fort dans ça. Et tous mes gars me disaient « en vrai tu peux faire du son ! T’es fort pour faire rimer et charrier ! » et c’est comme ça que c’est parti 

S : Mais est-ce qu’y avait pas aussi un calcul en allant se mettre dans un créneau moins encombré que le rap ?

N : En vérité, non. Quand tu regardes bien, mes plus gros succès dans mes débuts, mes couplets sont de la trap, je mélangeais, je suis pas parti direct en chant. « Joli bébé », « Loin de moi », c’est plus chanté, mais quand t’écoutes « MMM » putain de merde les couplets sont rappés !!

S : Ouais, ouais, bien sûr

N : Les couplets sont rappés, c’est juste que j’ai amené plus de joie. Mon beatmaker faisait de la guitare rumba, et on mettait de la trap dessus. C’était la première formule qui a marché chez nous, on mettait de la rumba et après trap. Et ça veut dire que sur les couplets, c’était rappé, c’était kické.

« Je suis là pour divertir, pour essayer de te faire oublier tes soucis »

S : Et le changement de style musical, il avait été décidé avant ta signature chez Bomayé ?

N : Même pas. Je te jure je te dis c’est venu au feeling ! Un jour je fais un couplet dans un feat sur « Physio », avec Fababy et KeBlack, je fais le couplet, et on va en show. Tu vois j’étais backer, et les gens s’en foutent du son, ils veulent que mon couplet, c’est là que j’ai compris. C’est à dire on me connaissait pas, et quand les gens venaient prendre une photo avec KeBlack ils disaient « Ah c’est toi qui chante ça ? » Après j’en fait un autre, je sais plus lequel, pareil, une sonorité un peu dansante, et j’ai compris qu’en fait les gens aimaient ça. Comme j’étais un peu marrant sur Snap, toujours en train de rigoler et tout, ça allait bien avec moi, on fait danser, on aime rigoler et faire sourire les gens. Mon métier c’est pas rappeur, chanteur, mais c’est d’essayer de donner de la joie aux gens, tu vois ? Le roi du divertissement !!! Je suis là pour divertir, pour essayer de te faire oublier tes soucis

S : Je vois, ouais. En fait t’as un rapport particulier au couplet qui réussit. Parce qu’à l’époque quand t’as signé chez Bomayé, c’était sur la base d’un couplet que Lassana avait kiffé. Et comment se sont passés les débuts et la fin de cette expérience chez Bomayé ?

N : La vérité c’est…Regarde, je vais t’expliquer vraiment de A à Z. Bomayé c’est une expérience incroyable, vraiment, y a rien à dire, j’ai kiffé. Bon, y a eu des pépins avec…Vas-y, bref. Y a eu des petits pépins, mais c’est rien, au final avec Lassana, Youssoupha, je suis en bons termes, tu vois ? Y a juste des petits trucs, vas-y,on va pas rentrer dans les détails, c’est rien, c’est pas méchant, tu vois ? Et en vrai, ça commence comment ? Je te dis la vérité : le premier jour, avant que je signe, j’arrive, je leur fais écouter. Ils me disent « viens avec une clé USB », on m’envoie un message sur Facebook. Je fais écouter qu’un son, pas besoin d’en faire écouter plein. Ils me disent « vas-y, on te signe ». Et au début, c’était dur, parce que je t’ai dit, ça marchait pas. Après, je te dis « dur », mais bon ça n’a pas duré longtemps. Au final, quand je regarde avec du recul, ça n’a pas duré longtemps. Mais sur le moment, je voyais ça long. Tu vois ce que je veux dire ? Ça dure de 2015 à 2016. Vas-y, je viens de signer, et je crois que j’avais fait un seul clip, frère. Je sais pas si t’as capté. 

S : Et t’avais une forme d’impatience qui commençait à arriver ?

N : J’attendais un clip par mois. C’est le développement. T’es là, un clip par mois, c’est bien déjà, tu vois ? Là je crois que j’ai sorti…j’abuse peut-être, deux clips, je suis sûr. En fait, moi, ce qui l’a fait, c’est mon Snapchat. Avec mes gars. Ça a commencé à prendre. Et le changement musical. Bam. Et c’est là que ça a pété. À la fin, j’ai dû partir. J’étais plus gros que tout le label, frère

S : Ouais, c’est ça. Ça t’a semblé évident à un moment de voler de tes propres ailes.

N : Ouais, voilà. À un moment donné, il faut que j’aille tout seul, que je mange mon truc moi aussi.

S : Et est-ce que ça a rajouté des difficultés, finalement ?

N : Non. Moi, j’ai eu la chance. Je vais en indé, je sors un premier son, et en plus, ça faisait longtemps que j’avais pas sorti de son, je crois que ça faisait 7 mois, avant de signer. Je sortais plus de son. 8 mois, même. Bam. J’arrive sur l’été, je sors « Vodka », qui marche bien. Il marche très bien pour les clubs. Bam. Et après, je sors « Loin de moi », direct, en indé, tu vois.

S : C’est peut-être pas de la chance. C’est peut-être du talent.

N : Non, mais à un moment donné, ouais. Ça devient du talent, quand même, t’as vu ? On n’en a pas fait qu’un, t’as vu ? (rires)

S : Exactement ! Depuis cette période, justement, t’as poursuivi ton chemin. T’as fait des millions de streams, de vues, de followers. Et tout ça, ça t’a amené à ton dernier projet en date : « Nazaland », qui est ton 5ème album. C’est ça ?

N : Ouais, on va dire ça. Regarde : « Incroyable », « C’est la loi », « Bénéf »,  « Gros bébé ». En vrai, j’ai 3 albums, frère. Le reste, ce ne sont pas des albums. Comme je t’ai dit, « Bénéf », c’est l’album gratuit, là. C’était vraiment pour quitter mon label. Je me suis dit qu’il fallait que je quitte, sinon ça allait prendre trop de temps

S : Parce que tu avais un engagement

N : J’avais un engagement, fallait que je rende un album. J’ai fait ça et c’est tout, tu vois

S : Tu me parles un peu de « Nazaland » ?

N : Ouais, « Nazaland » c’est mon monde, mon univers, c’est vraiment là où…tu rentres dedans, tu souris. T’as la banane directement dans la bouche (rires)

S : Et on voit sur la pochette : ta tête

N : C’est ça.

S : Sur laquelle on s’amuse

N : C’est ça, ma grosse ganache, comme on dit. (rires), ma grosse gueule, y a de la place, y a des toboggans, y a tout, y a de la bouffe, y a des filles, des garçons, y a tout ce que tu veux !

S : Tout pour être bien, quoi ! Je vois. On parlait de la différence entre les albums et les projets. En ce moment, y a un faux débat qui s’invite à table : « le format album est-il mort ? ». Faux débat, selon moi, parce que c’est révélateur d’un état d’esprit qui mesure la qualité des artistes à hauteur du succès de leurs singles et de l’argent qu’ils génèrent. Ce raisonnement mène à dire qu’il n’y aurait de la place que pour les bangers ou les trucs mainstream. Mais la vérité, c’est qu’y a peu de légendes qui s’écrivent sur des singles, parce que les gens ont besoin de se sentir en lien avec les artistes qu’ils écoutent longtemps, en général. Ou alors, ça serait accepter d’être un artiste Kleenex. Toi, t’en penses quoi ? Est-ce que les artistes doivent se battre pour que le format album continue d’exister ?

N : Ouais, bien sûr. Maintenant, les gens prennent ton album, y a 2 titres qu’ils vont écouter pour les feats, ils prennent ces 2 titres et vas-y, ceux qui marchent, ils suivent. Avant, je pense qu’ils n’écoutaient plus des albums. Après, c’est parce qu’il y a vraiment plus d’artistes. C’est même pas « les gens », ou quoi. Y a tellement d’artistes maintenant, que les gens vont piocher. C’est celui-là qui marche ? Vas-y, on prend 2 titres. Là, les featurings, on écoute et après c’est tout. Mais c’est vraiment parce qu’il y a vraiment beaucoup d’artistes.

S : Mais sur un album, t’as le temps de présenter ton univers, comme avec « Nazaland ». Si c’est ton parc d’attractions, t’as le temps de le présenter tout au long de ton album.

N : Moi, j’essaie de le présenter. C’est pour ça que maintenant, comme je sais que les gens n’écoutent plus trop…D’habitude, je fais 20, 18 titres. Là, j’en ai fait 14. Parce que je me suis dit, vas-y…tu vas prendre du temps sur un truc et…C’est pour ça que je préfère faire ça et sortir une réédition après. Je rajoute 4, 5 titres. Comme ça, tu les écoutes aussi, tu vois ? Quand tu sors, c’est dur, c’est dur. Les gens sont durs. Y a des gens qui veulent du son pour faire danser, c’est-à-dire ils écoutent : ah, celui-là, il a l’air dansant, là, ils cliquent. Heureusement, on a des gens qui écoutent tout. Mais là, je pense que la plupart des gens c’est tous pareil, hein.

S : Alors, tu parlais de faire danser et aussi, tu parlais de faire sourire, tout à l’heure. « Nazaland », c’est une expression de la joie. C’est comme ça que tu l’as imaginé avant même de le commencer ?

N : Exactement. Et encore, je te jure que je voulais faire plus de joie. Vraiment, plus de fêtes. Et j’ai hésité, mais j’aurais dû. Dans la réédition, en fait, les gens vont dire, vas-y ouais j’ai capté, là je vais aller vraiment pur fête.

S : Ça va être encore un cran au-dessus

N : Ouais, en fait t’écoutes Naza, tu veux sourire, tu veux danser, tu veux rigoler, tu veux de la joie. C’est vraiment ça, tu vois ? Des fois, j’aime bien faire des sons calmes, doux, là, je te jure, dans la réédition, y aura rien de ça.

« Binguy, c’est Naza »

S : La joie, c’est ton ADN, et de ton équipe aussi. Je t’ai vu en showcase au Set Club à Arras, et tout le monde avait le sourire et dansait, le public, mais aussi ton équipe. C’est ta mission, procurer ça aux gens ?

N : Vraiment, je pense, comme je l’ai dit, que je suis venu sur terre pour celle-là. Celle-là, c’est ma mission, c’est vraiment faire oublier les problèmes des gens, faire sourire.

S : Et y avait un truc qui allait tout droit avec Binguy, ton guitariste

N : Binguy , Binguy ! bien sûr, Binguy, la guitare ! c’est bien, tu l’as pas oublié ! Binguy, c’est tout ! Les gens voient Binguy comme guitariste, mais Binguy c’est Naza, en vrai, tu vois, c’est l’homme de l’ombre, mais c’est vraiment Naza.

S : On vous sentait en osmose, justement, on sentait que vous preniez du plaisir. Quel état d’esprit il faut garder pour que la musique reste une passion et ne devienne pas un taf ou une fabrique à bangers ?

N : Je te jure, en fait, il faut être un petit passionné quand même. Je t’ai dit, moi, la passion, elle est venue après. Kiffer ! Moi, dès que je vois mon guitariste…en plus à chaque show il change de mélodie, des fois il me surprend, je me retourne, je suis en mode « ah ouais, enfoiré, bien joué », il s’amuse. On est dans l’amusement. Vas-y, la guitare de « Sac à dos », la dernière, il ne la modifie pas parce que c’est un classique, mais sinon, frère, il s’amuse, c’est-à-dire que même moi, des fois, il me fait sourire, carrément je fais des nouveaux pas tellement il est chaud

S : Ouais il te surprend

N : Il me surprend de ouf

S : Alors, ta vie publique, Naza, se situe sur 2 niveaux, y a la musique, mais y a aussi les réseaux sociaux. À quel moment tu te coupes du monde, et tu fais quoi dans ces moments ? Est-ce que ça t’arrive déjà ?

N : Ça m’arrive jamais, c’est ça le problème, ça m’arrive jamais, je suis jamais coupé. Je me suis coupé une fois…et même pas, je me suis pas coupé parce que j’avais mon téléphone, je faisais que des Snap. Je ne me suis jamais coupé, je suis toujours actif, c’est ça le problème. J’ai besoin de repos des fois.

S : Et tu ne ressens pas un trop plein d’exposition, parfois ?

N : Si, si, là, par exemple, en ce moment, j’ai besoin vraiment de me reposer, mais j’ai besoin de moins d’une semaine, 4, 5 jours, et ça me va. 

S : Mais y a pas de moments où tu cherches à te ressourcer, où t’as besoin d’être seul, par exemple, c’est pas ce que tu cherches ?

N : Non, non, moi, je n’aime pas, je n’aime pas être tout seul. Même au studio, j’aime bien quand mes gars sont là.

S : L’exposition, c’est aussi les concerts, la rencontre avec le public. Est-ce que faire l’Olympia, ou un Bercy, reste toujours aussi prestigieux ? C’était soit des salles mythiques, soit des sommets à atteindre, mais aujourd’hui c’est à la limite ne pas le faire qui permet de se démarquer, tellement il y a d’artistes qui les font.

N : Y a pas tant de personnes qui le font.

S : T’as pas l’impression qu’y a plus de facilité qu’avant à faire une de ces salles ?

N : Oui, parce que il y a eu le Covid…les gens veulent y aller…y a eu une période où il fallait annoncer, et t’allais remplir, mais là, je pense que non, c’est toujours prestigieux. « Bercy, Olympia », en plus t’as dit, mais ça, c’est celles que je préfère !

S : Ouais, c’est celle qu’on préfère tous à la base, mais j’ai l’impression que toutes les semaines, y a l’Olympia d’un artiste, y compris quand il n’a eu de succès que sur un seul single, et t’entends que 2 mois après il fait l’Olympia. Est-ce qu’en vérité il ne manque pas de nouvelles salles prestigieuses ?

N : Ouais, c’est vrai qu’il manque des salles, parce que j’ai eu le problème avec mon neveu, Dadi. On voulait faire la Cigale, l’Olympia, mais comme c’était full, ils nous ont donné des noms de salles, et y a rien qui nous intéressait.

S : Dadi, qui a fait Nouvelle École 2024, je précise

N : Ouais ! Et les noms de salles qu’on a eues donc, ça ne nous faisait pas bander, on est habitué à Olympia, Zénith, même si t’es obligé de faire le parcours. Après ouais, y a des salles mais les meilleures on les connait.

S : Ouais, donc pour toi l’olumpia et Bercy, ça reste prestigieux

N : Évidemment ! T’as fait Bercy c’est bon, laisse tomber frère. Tu parles avec personne, gros. Bercy ? C’est le spectacle de ma vie là ! T’as vu les petits pas de danse que je fais…là ça va être aaaarrghh ! Je vais aller au sport et tout ça pour le faire ! Attention ! Je dois péter la forme ce jour-là !

S : Ça se prépare ? T’as la pression ?

N : Non jamais, par contre ! C’est fini ça !

S : Là c’est juste le kif ?

N : Je suis pressé ! J’ai hâte ! La pression y a plus, avant y avait (il baille)

S : Et du coup tu bailles, enfoiré (rires)

N : Un peu, un peu (rires)

« Impossible que je ne vanne pas quelqu’un dans une journée »

S : Je le disais, on te voit toujours rigoler sur les réseaux, ou déconner dans les interviews etc. Est-ce qu’il existe une face triste de NAZA ?

N : Bah ouais…mais tu connais on la montre jamais, y a que moi qui la connais

S : Il t’arrive d’être mélancolique ? De pas avoir le moral, d’être à côté de tes pompes ?

N : Ouais, bien sûr, comme tout le monde. Je suis un humain, mais je te dis, je le montre jamais. 

S : C’est un truc que tu gardes pour toi

N : Ouais, vraiment, je le montre jamais à personne

S : Et dont tu ne parles même pas en chanson d’ailleurs. Est-ce que tu te sens piégé à constamment devoir faire rire et sourire, ou est ce que ça te va ?

N : Je suis comme ça. Impossible que je ne vanne pas quelqu’un dans une journée. Même si je suis tout seul, chez moi, je vais aller me regarder dans le miroir et je vais me vanner moi-même ! (rires). Il faut que je rigole un peu, au moins un peu.

S : Au moins un fou rire par jour, quoi

N : Non après « fou rire » c’est chaud parce que moi faut y aller hein. Mais les fous rires je les recherche ! des fois je fais des journées « recherche de fou rire », c’est une dinguerie, je me dis « aujourd’hui faut que j’ai un fou rire ». Des fois j’ai réussi à les trouver hein ! c’est dur d’aller chercher un fou rire ! Rire c’est facile mais « fou rire », vraiment ça veut dire t’arrives plus à t’arrêter de rigoler !

S : C’est le niveau dessus !

N : Ouais c’est chaud c’est chaud

« Si tu veux, je teste du rock »

S : Pour conclure : si tu devais aller une fois dans une autre direction musicale, juste pour toi, sans te poser la question du succès ça serait vers quoi ? Qu’est-ce que tu voudrais tester musicalement, sans aucun calcul ? 

N : Du chant. Mais vraiment du chant pur. Genre chanter de ouf. Être un chanteur de ouf, comme les américains là, tu vois ? Avec une voix vraiment R&B, laisse tomber (rires). Comme Drake ! (rires)

S : Vu comment tu le dis, j’ai l’impression que tu t’y vois ! 

N : Je m’imagine aux States ! C’est une dinguerie d’être un artiste des States ! (rires)

S : Mais y a pas un truc que t’envisages de tester juste comme ça, juste pour le kif, juste pour toi, un style musical, une autre direction musicale

N : Bah j’te jure que dans l’album je fais beaucoup de choses, je fais des trucs, des variét’, après je fais des sons un peu quezou, après je fais de l’afro après je fais du rap, dans chaque album y a de tout

S : Ouais t’aimes toucher à tout

N : À part si tu veux que je teste du rock

S : Par exemple, si c’est un truc qui te plait

N : Vas-y, pour toi je vais tester un truc ! Je dis ça pour rigoler mais vas-y je vais tester

S : J’ai hâte d’entendre ça

N : Il faudra que tu sois à l’affût, je vais mettre 30 secondes sur snap, je vais dire à Binguy « guitare rock » et je fais un petit couplet dessus

S : J’ai hâte de voir et entendre ça !

N : Allez on va faire ça vas-y !

S : Je te remercie beaucoup Naza ! À très vite

N : Merci à toi Scolti, c’était cool !

Scolti @scolti_g


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