Ça veut dire quoi « NO CAP » ?

Depuis 2018, le rap français a vu débarquer un nouveau gimmick tout droit venu d’Atlanta.
Pas de mensonge dans ce qui va suivre, aujourd’hui on va décortiquer l’origine de l’expression “no cap” et de ses mutations.

D’abord martelé par les Migos et 21Savage à partir de 2018, le « no cap » est une sorte d’interjection qui permet à un rappeur de revendiquer l’authenticité de ses propos et notamment de son attachement à la street.

Pour certains, l’expression ferait référence à des prothèses dentaires amovibles appelées « caps ». Ainsi, seuls les faux gangsters, incapables d’assumer pleinement leur marginalité, en porteraient. Bien que très sexy sur le papier, cette théorie n’est sûrement pas la plus véridique.
En allant chercher dans le slang du début du 20ème siècle, on découvre que le terme caping signifie littéralement mentir. Le « cap » désignant alors la limite au-delà de laquelle on suppose que ce qui est dit n’est plus crédible, autrement dit, qui est un mensonge. Cette explication linguistique nous semble un peu plus crédible avec son usage actuel.

L’expression s’est donc exportée Outre-Atlantique mais une méprise de taille la rend particulièrement originale. Elle a été francisée sous la forme “pas de casquette” et les rappeurs s’amusent plus ou moins volontairement de cette mauvaise traduction. Ainsi, la version française du « no cap » est devenue une nouvelle expression qui en a conservé le sens mais avec une forme créée accidentellement. Sur les réseaux sociaux, on la retrouve transcrite avec les deux emojis “❌🧢” qui ancrent un peu plus la place de ce « pas de casquette » dans l’imaginaire collectif français.

Dernière anecdote : Dans la rivalité qui oppose le gang des Crips à celui des Bloods, ces derniers se sont appropriés l’expression en remplaçant la lettre “C”, faisant référence à leur rivaux, par la lettre ‘B”. L’expression “no bap” est ainsi née, signifiant la même chose que sa sœur mais avec un mot totalement inventé.

“Je ne suis pas un menteur, pas de casquette, pas de snapback”

Luther, Ma vie d’avant (2022)

Gaspard Cazin